Née à Alep (Syrie) en 1967

Diplômée de l’Université privée d’Alep pour les Arts et les Sciences en Architecture d’Intérieur en 2008
A étudié la peinture et la gravure avec Giulia Napoleone
A enseigné les techniques de peinture à l’Université privée d’Alep pendant 3 ans
A participé à 3 expositions à l’Université privée d’Alep
A participé à 2 expositions dans des galeries d’Art privées d’Alep (exposition de petites peintures et exposition de ‘fusion paintings’)
A exposé en solo en mars 2011 dans le cadre de la semaine de la francophonie à Alep sous les auspices du Centre Culturel Français d’Alep
A participé à une exposition dans Arta Gallery à Toronto (Canada) en juillet 2012
A exposé en solo à Artistry Gallery à Singapour en 2014
A exposé au salon Affordable Art Fair de Singapour en 2014
A suivi un enseignement à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels (La Cambre) pendant 2 ans

Mon travail a commencé comme un voyage à travers le temps, l’espace et la mémoire. Étant loin de mon pays d’origine et profondément émue par les conséquences de la guerre civile. A cause de la souffrance, de la destruction et du déplacement de la population, mon travail reflète mes sentiments conscients et inconscients. Le texte arabe et la poésie lient mon travail au papier par l’application de l’encre. Au début, je me suis inspirée des images aériennes de ma ville à partir desquelles j’ai réalisé des cartes en gravant du texte arabe. Reflet naturel de la situation, les textes ont été brisés et ont évolué pour devenir des fragments de mots et de lettres tout comme la ville a changé au cours de la guerre. Au fil du temps, les lettres, les images et les cartes sont devenues de plus en plus abstraites et, parfois, s’estompent. Ma relation avec le papier se renforce et, au fil du temps, j’ai la joie d’explorer l’utilisation de différents outils pour mettre de l’encre sur le papier. Est-ce un moyen de rendre l’horreur plus facile à supporter en passant à l’abstraction?

 

Mouna Iklassy, calligraphe, peintre et surtout graveuse a exposé chez ODRADEK en mai 2016 ses chroniques d’Alep.  En Belgique depuis plusieurs années, elle s’emploie à retrouver, par un inlassable travail d’écriture, sa ville natale  qu’elle dû fuir.

De Bruxelles, elle retrace, via Google Earth, une carte de sa ville natale qu’elle parcourt et re-parcourt en assemblant ses plaques de cuivre. C’est à partir d’un plan informatisé qu’elle se met à l’œuvre pour produire un entrecroisement de signes devenus illisibles à force d’être manipulés. Ils nous donnent dès lors accès à une autre manière de comprendre l’écriture qui révèle un message indéchiffrable, nous entraînant vers de nouveaux moyens de communication. Nous sommes invités à suivre ce parcours qui est un minutieux ré-assemblage de l’espace urbain marqué par la grande Histoire d’Alep, celle des conquêtes et de l’occupation, et la petite histoire de Mouna qui, par sa volonté pugnace de survie, parvient à l’écrit.

Mouna Ikhlassy est revenue chez ODRADEK  en mars 2019 pour y exposer la suite de son questionnement à propos de  l’exode contemporain et de la violence qui l’accompagne.

Elle poursuit inlassablement un exercice de représentation des événements actuels. En intervenant  face à ce qu’elle vit, elle  en crée  de nouveaux plans de villes prises d’assaut par le déplacement de population fuyant la misère de la guerre. Son intervention a toujours comme point de départ une carte, un plan ou la configuration d’une ville réelle. A partir de ces données géographiques et géométriques et à l’aide de ses outils de compréhension, que sont pour le moment la plume ou les pointes graphites, l’acrylique ou l’encre, elle interprète le changement advenant aux villes prises d’assaut par les migrations de populations. L’artiste déplace des grilles de lecture en manipulant les images qui nous parviennent de là-bas. Il y a chez elle une impérieuse nécessité de révéler, c’est-à-dire de voiler-dévoiler les conditions de vie des réfugiés. En superposition du canevas de base, un nouveau plan apparaît.  Elle peint ou dessine avec minutie l’agencement de ces villes temporaires qui se situent aux confins des zones de conflits. Sur l’implantation initiale de ces villes nous découvrons soit un cadre et un ordonnancement militaire structurés comme une porte de prison, soit un organe déstructuré comme le chaos des tentes de secours devenues définitives.

De cette représentation des villes temporaires que nous confie Mouna Iklhassy, se dégage une humanité essentielle à laquelle nous continuons d’appartenir. Ce fond inaliénable se retrouve dans les espaces blancs parfaitement contourés nous invitant à une recherche de sens et d’espoir.

MOUNA IKHLASSY, Chroniques d'Alep