Faire impression
Les contextualisations de M.F. Plissart et les petits objets inscrits de L. Wei
Associant photographies et sceaux gravés, Marie-Françoise Plissart et Lia Wei dialoguent à partir d’association d’idées, de procédés d’impression, d’aventures et expériences communes vécues en Chine comme en Belgique depuis 2010.
Les deux complices se répondent d’un mur à l’autre de la galerie en passant sans cesse de l’image de la pierre ou de la montagne à celle gravée sur le sceau.
Fascinée par l’atelier d’un taxidermiste tentant de reconstituer l’apparence d’animaux ayant perdu la vie, Marie-Françoise Plissart nous offre sa vision de cette atmosphère au troublant contexte. Ces portions d’animaux pas encore recomposés et la panoplie d’outils permettant leur assemblage, correspondent ou s’allient d’une certaine façon aux traits incisés dans la pierre des sceaux de Lia Wei. Dans les deux cas de figures, une reconstitution a bien lieu à partir de quelque chose de connu qui trouve un agencement autre, inconnu, magique ou symbolique. L’argumentation est cosmocentrique. L’atmosphère de l’atelier révèle un univers en soi bien organisé selon les dispositions de l’artiste-créateur. Tous les éléments composant le tableau corroborent cette sensation de genèse.
Sur l’autre mur de la galerie, le meuble faisant face à la photographie sert de présentoir aux sceaux gravés. Il révèle un petit monde de pierres que le pinceau de fer, en soustrayant des fragments de caractères à la logique de l’écriture, a ciselé en toute liberté d’expression. Le trait qui s’en dégage se donne à voir en tant qu’agissant en image.
Dans ce contexte, une dialectique combinatoire donne lieu à une recherche de dénominateurs communs et de logiques d’assemblage. Marie-Françoise Plissart se met à la disposition de la première photographie de Nicéphore Niepce (1827) qu’elle reproduit de différentes façons et qu’elle associe à un sceau partageant la même géométrie. Le but des deux artistes étant de « développer » des œuvres, la question de la transmission des formes et de leur articulation les taraude.
Les premières impressions photographiques appartenant au processus héliographique furent appelées « dessins du soleil ». C’est ainsi que le réel, qu’il soit animal, végétal ou minéral constitue le point de départ d’une démarche que Marie-Françoise Plissart et Lia Wei poursuivent tout au long de cette exposition sans qu’on puisse dissocier ce qui appartient à la nature ou à la culture.
La prise en considération d’un lieu, d’une situation, d’un support matériel actif permet à Marie-Françoise Plissart de s’allier aux petits objets inscrits de Lia Wei pour donner lieu à une vérité de proximité. Celle-ci dévoile la grande vitalité d’un monde que nous refusons de voir de manière unilatérale mais bien plutôt de manière associative, adaptative, voire surtout imaginative.
Simone Schuiten