Bangyao
Li

Bangyao Li débute sa carrière de peintre dans les années 80. Contemporains de l’ouverture de la Chine au monde extérieur préconisée par Deng Xiaoping, les artistes de cette période stratégique découvrent en même temps la modernité et la postmodernité occidentales. Ils accèdent fébriles aux mouvements Dada et surréaliste tandis que la culture et l’esthétique chinoises restent ancrées dans un retour à la tradition et dans l’imagerie populaire.

La fin du XXe siècle en Chine s’avère prodigieuse et exaltée car elle donne naissance à une classe moyenne fascinée par la mondialisation, la consommation et le bien-être quotidien.

Ce qui se développe dans l’œuvre de Bangyao Li donne à voir le parcours qu’il emprunte en croisant l’esthétique occidentale et surtout en réfléchissant aux changements que le monde chinois vit avec une surprenante rapidité d’adaptation.

Bangyao Li représente de manière magistrale l’artiste chinois confronté aux changements d’état d’esprit auxquels il participe à la fois comme témoin et comme interprète.

En tant que professeur au département des Beaux-Arts de la South China Normal University de Guanzhou, il a eu l’occasion de poursuivre ses approches sociologiques auprès de ses étudiants, eux aussi impliqués dans le matérialisme contemporain.

Le Pop Art justifie ainsi pleinement son apparition sur la scène artistique chinoise. En quelques années, les objets de consommation sont arrivés en masse sur le marché chinois et Bangyao Li, d’une manière qui lui est propre, ne reste pas insensible à ce changement radical. Tenant compte « à la lettre » du rapport mots-images, il met en scène nos aspirations et désirs quotidiens pris en charge par l’objet de consommation. L’art de la propagande sous la Révolution culturelle révéla de manière ostentatoire le pouvoir des images. Il y a depuis dans la culture et l’esthétique chinoises une certaine manière de faire appel aux images. L’idéologie qui y est associée contrôle la mémoire collective.

En suivant Bangyao Li dans son traitement sémiologique des produits de consommation, nous rencontrons des objets fétiches célébrant l’homme postmoderne.

Son œuvre nous donne à comprendre en miroir et en images « degré zéro d’abstraction » le système de représentation d’objets désignant notre société et ses tendances actuelles. Il répond ainsi, par le Pop chinois, aux analyses de Jean Baudrillard à propos du système symbolique des objets.

Depuis 2009, Bangyao Li se consacre à une étude en images stéréotypées de l’évolution des intérieurs des habitations chinoises.

En résidence chez ODRADEK en août-septembre 2017, le peintre sociologue poursuit son investigation et mène l’enquête au sein de nos intérieurs.

Li Bangyao working at ODRADEK, 2017 Indoors Installation (detail) ODRADEK space 2017