Jeff Kowatch, né en Californie en 1965, s’est installé en Belgique il y a quinze ans après avoir travaillé à New York pendant une dizaine d’année. Il développe une peinture de coloriste marquée par les grands abstraits américains, de Mark Rothko à Brice Marden et, pour la technique, par les grands peintres flamands, Rembrandt en particulier, dont il s’est réapproprié les recettes d’huile de lin, qui donnent à sa peinture un effet particulier de profondeur et de transparence, propre aux glacis du Nord.

« Jeff Kowatch témoigne d’une recherche aussi exigeante qu’originale : celle de la musique du monde. Tantôt tonitruante et féroce; tantôt délicate dans ses polyphonies. Un monde de lumière qui évoque aussi bien le Monet tardif et ses nymphéas féeriques que le Rothko mystique qui dénoue dans ses champs de couleurs pures la diversité d’un monde voué au seul spirituel. Entre l’assomption jubilatoire des pastels luxuriants et la calme méditation des grands tableaux où les formes trouvent leur équilibre passe une même respiration. »

Michel Draguet, extrait de Plénitude et mascare colorées, 2018

 

Jeff Kowatch, à la recherche de l’universel

Très jeune, inspiré par une foi mystique, Jeff Kowatch prie Dieu de donner à tous les hommes les mêmes illuminations.

Attiré par la peinture et les grands thèmes religieux, le jeune homme développe un besoin de spiritualité en symbolisant de manière de plus en plus abstraite le Christ en croix, la Vierge Marie et les apôtres.

Gagnant en maturité, l’artiste renonce aux fondements de la mimésis occidentale pour se donner, le plus intensément possible, à la poursuite d’une spiritualité universelle. Que ce soit par la méditation et la pratique du bouddhisme Zen, Jeff Kowatch est en quête d’équilibre et d’harmonie à transmettre par la peinture.

En refusant la figuration il garde, malgré tout le sujet,  le couvrant de couches successives de glacis à l’huile. Les métarécits (Moby Dick, Don Quichotte,…) continuent donc à le mobiliser, tout comme l’angoisse existentielle qui le hante. L’un et l’autre se trouvent convertis dans sa peinture en points d’équilibre. Sur la toile, les conflits disparaissent au profit de couleurs gorgées de lumière vibrant à l’unisson de cette quête d’universalité.

La correspondance exacte avec les choses, l’identité à soi sont abandonnées au profit d’un mouvement permanent que des formes organiques circulaires évoquent.

Les couleurs alors à l’œuvre dans la pensée et la pratique de Jeff Kowatch révèlent la dimension existentielle de ses tableaux. De grands formats en mode d’acheminement et d’ouverture du regard favorisent une conversion de notre manière de percevoir quelque chose.

A la recherche d’une énergie vitale et d’une forme d’intimité toutefois partageables, Jeff Kowatch, inlassablement, nous offre un chant vibratoire de couleurs en apesanteur. Celles-ci lui permettent d’implanter un dispositif réceptif ouvert au monde par la matière et la lumière qui l’immergent dans l’inconnu.

Simone Schuiten, ODRADEK, 2021