Gammes
Une rencontre par excellence
En résidence durant le mois de février, Alexandra Roussopoulos a, dès les premiers instants de son arrivée, installé son atelier côté rue. Avant d’emménager dans son logement c’est à la vitrine que l’artiste accorda toute son attention.
Depuis, notre espace ne cesse d’attirer le regard et l’intérêt des passants. Celui-ci n’a jamais autant célébré sa vocation, une pratique de la rencontre.
Etre en résidence permet à l’artiste de s’imprégner de l’atmosphère d’un lieu et d’interagir avec ses occupants et habitués. Rien de tel que d’utiliser porte et vitrine pour inviter et favoriser le passage de l’un vers l’autre.
Il y a aussi bien sûr les artistes associés au projet ODRADEK qui viennent découvrir le travail proposé pour établir les premiers contacts qui donneront naissance aux échanges et dialogues.
En ce genre de manœuvres interculturelles Alexandra Roussopoulos révèle son habilité. Sur deux tables en vis-à-vis, elle a disposé ses boites de couleurs et autres nombreux accessoires qui l’accompagnent dans un travail en cours.
L’artiste a choisi de montrer des carnets aux différents formats lui permettant, en toute liberté, de voyager et de travailler léger. Qu’il s’agisse de cahiers servant par leurs quadrillages bien structurés à la comptabilité ou aux partitions de musique vierges, la dessinatrice y réalise ses gammes de couleurs.
S’opposant ainsi à un espace mesuré, calibré et parfaitement encadré, Alexandra Roussopoulos produit une échappée qui nous entraine dans un monde à l’équation variable et sensible.
Multipliant sans cesse des arrangements chromatiques, une écriture dessinée fait apparition ravivant un sévère support.
Simon Schuiten
Gammes
Je dessine tous les jours depuis que je suis arrivée à Londres pour étudier l’art quand j’avais 18 ans.
La rencontre avec le dessin et la couleur m’a immédiatement émerveillée. J’ai su que j’avais trouvé dans le dessin et la peinture une forme d’autonomie, un monde à moi, un mode d’expression qui me permet d’aborder une grande diversité de techniques et de sujets.
Souvent, je quitte l’atelier pour quelques heures, dans l’attente du séchage des couches de couleur de mes peintures. Je m’assieds alors dans un café avec quelques feuilles de papier, des crayons et une boite d’aquarelle que j’emporte toujours avec moi. J’aime cette légèreté et cette économie de moyens. Tout en dessinant, des bribes de discussions des tables voisines me parviennent. Cette écoute flottante favorise la réflexion et la distanciation.
Je procède de la même manière lorsque je suis invitée en résidence d’artiste. Les dessins-images faits à cette occasion sont des croquis de voyages, une recherche de formes et de lumière. Ce sont des gammes en quelque sorte, parfois ponctuées de remarques : « travailler deux heures », « acheter de la colle », « reprendre la toile jaune ».
L’ensemble de mes oeuvres naît de ces recherches. Une sélection de carnets, réalisés à travers le temps et des dessins créés lors de la résidence seront présentés lors de l’exposition à Odradek.
Alexandra Roussopoulos