Work in progress
Des dessins collaboratifs
En résidence cet été, rue américaine, Ulla Hase et Bettina Bosch nous invitent à prendre part à leur itinéraire artistique.
Porte ouverte, la galerie accueille les visiteurs en proposant un premier accrochage à partir duquel ils peuvent participer en laissant, dans une boite, un mot, un dessin ou une trace. Les messages dépouillés, les deux artistes entreprennent leur résidence proprement dite. Elles se mettent à l’œuvre à partir de ce qu’elles recueillent et prélèvent, c’est-à-dire à partir de ce que les visiteurs leur confient.
Ulla Hase fonde sa pratique artistique sur la recherche de profondeur du trait qu’elle obtient par une inlassable répétition du geste en interaction avec ses pensées. Le processus de cheminement, celui de la ligne qu’elle laisse se développer et revenir sur elle-même, lui permet d’aller en profondeur. L’espace, en occurrence le support papier, et le temps que la main prend pour effectuer ses multiples trajectoires entrent en interaction pour révéler leur intime rencontre.
Bettina Bosch, quant à elle, sollicitée par le mythe de la caverne de Platon, se concentre sur le jeu de l’ombre et de la lumière. A partir de la technique du papier découpé qu’elle a exercée à Shanghai, elle passe à la 3è dimension. Le papier devient alors un matériau propice à la sculpture, sa texture permettant un réaménagement spatial et temporel grâce à la lumière qui la traverse.
Bettina Bosch et Ulla Hase, mues par le même souci de laisser la matière, les formes ou les traits se rencontrer, nous permettent de nous reconnecter aux gestes les plus simples. Elles relient l’espace et le temps à l’ombre et la lumière via le proche et le lointain.
Toutes deux, par la répétition du trait ou par la découpe du papier, usent de la scansion afin de nous faire perdre nos repères préformés. Alors, ce n’est plus notre ego qui est invité à percevoir mais notre intimité la plus sensible. On s’enlève un peu de subjectivité pour gagner en communication participative.
Simone Schuiten