Michelle
Corbisier
Les gravures de Michelle Corbisier questionnent les commencements. Comment faire apparaître, en chaque image, ce qui ne devient visible qu’à travers un regard si longtemps déposé sur les choses qu’il les a décantées ?
Le temps alors devient matière. La part nécessaire et accidentelle de cette révélation répond au travail d’une infinie patience, d’une capacité mystérieuse à rencontrer le hasard en ce qu’il possède de plus fécond. L’œuvre gravée, dans son ouverture au monde, est intériorisée, méditative. La rêverie naît de la contemplation d’espaces vastes où s’inscrivent les traces vives de paysages très anciens.
Michelle Corbisier donne à voir, à travers la matière et le grain des choses, l’invisible avant qu’il ne se métamorphose et ne s’incarne en un espace sensible, transportant le regard au cœur de l’infini.
Serge Meurant
L’œuvre lithographique de Michelle Corbisier oppose des gestations et des croissances aux paysages qu’elle grave sur métal. Ces représentations n’exigent guère d’identification. Leur bruit discret n’est pas l’écho de significations. La suggestion d’une nature intériorisée leur suffit à capter l’attention qui les commue en espace perceptif. Leur expansion dans le plan conserve ouverte la part d’absence qui les nourrit. D’avant en arrière du plan et l’inverse, une profondeur émerge et se creuse, induite par la richesse des valeurs et des matières qui interagissent par « passages » et « ruptures ». Nous assistons à ce travail de dosage de la lumière que le papier renvoie modulée par les dépôts d’encre. Cette médiation constitue l’enjeu d’un exercice tout entier offert à la contemplation.
Georges meurant