EXPOSITION | Saint-Gilles

VERNISSAGE

06/02/2025 à 18:00

FINISSAGE

22/02/2025 à 16:00

Light

Du 31/01/2025 au 22/02/2025

Une illumination !

Pour sa troisième résidence à Bruxelles et sa deuxième exposition en nos lieux à Ixelles, Jipeng Ke nous revient avec des œuvres sur toile et sur papier. En dialogue dans « Paysage-bois » avec Roby Comblain, Gérald Dederen, Aline Forçain, Anne Marie Finné et Nathalie van de Walle, l’artiste chinois nous propose « Tree », une réalisation acrylique sur toile qui met en exergue le jeu de l’ombre et de la lumière.

L’apparition de la lumière dans ces dernières recherches se fait également sur le papier qui, de par sa texture, absorbe facilement la traversée de la clarté parmi les lignes qu’il continue à tracer inlassablement.

Dans une toute autre série, fort de cette focalisation sur le rayonnement du soleil sur la végétation,  Jipeng Ke fait appel à la couleur pour laisser filtrer la lumière. La densité du feuillage ne laisse pénétrer que quelques rais de lumière, qui dès lors attirent notre regard pour nous permettre d’éprouver un éclaircissement.

En solo chez ODRADEK à Saint-Gilles, l’artiste expose des œuvres réalisées durant le long confinement. Isolé dans son atelier, il a ressenti la présence réconfortante des arbres autour de lui. Emu et attiré par leur compagnie, Jipeng Ke, qui a abandonné le figuratif depuis longtemps, donne vie à leur présence à travers ses lignes horizontales. Quelques formes émergent de ce dispositif pictural, elles témoignent de l’existence inaliénable du monde environnant.

Cependant, Jipeng Ke n’a pas renoncé à l’abstraction, ni aux prérogatives esthétiques des lettrés. Dans la peinture traditionnelle chinoise, les lettrés valorisent l’expression personnelle à travers les codes de l’érudition plutôt que la virtuosité technique de la représentation. En accord avec ces valeurs, Jipeng Ke ne va pas « représenter » les arbres de son voisinage. Au contraire, il poursuit une quête en s’adressant à l’intériorité ou l’esprit intérieur de ce qu’il perçoit.  Ce qu’il exprime sur la toile ou sur le papier s’avère donc une révélation de ce qu’il voit. Il y a une correspondance entre lui-même et ces arbres-là : celle-ci produit une image, c’est-à-dire une expression de soi en lien avec l’autre rencontré.

S’il est donc possible de faire un rapprochement avec une pratique de la peinture des meilleurs lettrés, nous pouvons également apparenter Jipeng Ke à la démarche phénoménologique occidentale.  Ainsi, d’un côté comme de l’autre, c’est l’intentionnalité de celui qui perçoit qui est à l’œuvre dans la rencontre, voire même dans l’union avec le donné. Touché par la lumière projetant l’ombre des arbres ou apparaissant dans le feuillage, l’artiste imagine ce qui se donne à lui. Il se rend alors capable d’être plus attentif à la manière dont les choses lui apparaissent, c’est-à-dire à leur « manière » d’apparaître.

Le passage de la lumière nous invite également à tenir compte de la temporalité jour-nuit comme de celle des saisons. Son rôle consistant à donner vie et formes à ce qui nous entoure, Jipeng Ke la convoque sans jamais vouloir la réduire ou la canaliser. Il préfère travailler avec la lumière en restant dans l’incertitude, pour guetter l’altérité de toute chose et libérer son imagination. Voilà pourquoi l’artiste ne nous livre que des paysages simplifiés présentant leur intensité.

Simone Schuiten