EXPOSITION | Saint-Gilles

VERNISSAGE

15/11/2025 à 16:00

FINISSAGE

13/12/2025 à 16:00

Exhumer

Du 15/11/2025 au 13/12/2025

Exhumer

Porter au regard les strates d’un passé incertain, faire remonter des récits transmis à demi-mots.
Des formes émergent : fragmentées, fossilisées, en devenir.
À la croisée du mythe et de la matière, l’exposition explore ce qui persiste, se transforme, se réincarne, se donne.
Entre fiction et vestige, elle esquisse une mémoire en mouvement où les corps, l’image, le plaisir et la parole trouvent de nouvelles voies d’apparition.

                                                     À propos de la caverne mystérieuse

 

Pour sa nouvelle exposition en nos lieux Ghita Remy nous propose de renouer avec nos origines lointaines.

Certaines images récurrentes concernant l’ambivalence du féminin-masculin, de l’animal et de l’humain continuent depuis la nuit des temps à nous hanter. Qu’il s’agisse de récits mythiques, des figures fantasmagoriques de la femme dangereuse, ou encore de ces représentations du corps féminin chargé de crocs, d’épines ou de dents, nous sommes affectés en notre intimité la plus cachée. Également convoqués à une danse des espèces, l’artiste nous projette dans une animalité terre à terre.

Ghita Remy fait donc s’interpénétrer les mythes, fantasmes et figures archaïques pour les faire apparaître de manière organique dans ses dessins, gravures, céramiques et porcelaines. Se mêlent ainsi la crainte et l’attrait pour un monde non encore bien différencié, domestiqué.

« Je cherche à recréer cette confusion fertile où le réel et l’imaginaire se fécondent ».

Récupérant des restes offerts par des archéologues ou se livrant à de nouvelles fouilles dans les récits mythologiques, Ghita Remy nous confie sa version de l’origine de la vie et de la mort avec pour axe central, la sexualité.

De fait, par ses sculptures, l’artiste nous fait voir comment notre imaginaire s’inspire de la nature et de la terrible ambiguïté vie-mort que la cavité mystérieuse rend présente. La bouche à deux ou à quatre lèvres est un lieu de passage entre le dedans et le dehors, entre le connu et l’inconnu qui peut devenir frontière et zone de démarcation.

Pour Ghita Remy, tout commence par le mythe universel du « vagina dentala » cette cavité mystérieuse appartenant à la femme archaïque. De très anciens récits rapportent qu’à l’origine de l’humanité, lors du « temps hors temps », la femme disposait d’attributs masculins. Il fallut, pour mieux distinguer le masculin du féminin, lui  retirer certaines protubérances dangereuses et pratiquer des mutilations. C’est ainsi que depuis très longtemps les séparations sauvage-civilisé, nature-culture, féminin-masculin eurent lieu et se consolidèrent.  Mais, qu’en est-il pour nous aujourd’hui ?

« Dans la continuité de ma recherche autour du « vagina dentala » -mythe universel de la peur et du désir- j’explore la manière dont les objets incarnent ces récits primordiaux : objets-fossiles, objets-fantasmes, objets-archétypes. Je moule, j’empreinte, je duplique. Les formes se modifient, les symboles se télescopent, les images s’interpénètrent. Un inconscient collectif se donne à voir à travers la matière.

Ce travail dialogue aussi avec notre présent technologique : quand les images se reproduisent à l’infini, lorsque l’intelligence artificielle puise dans une sorte mentale primitive, que deviennent nos mythes ? Quels nouveaux corps, quelles nouvelles peurs, quels nouveaux désirs émergent ? Erotisme, menace, attraction, répulsion : je sonde la frontière trouble où l’objet appelle le fantasme autant qu’il le dévore.

Parce que le mythe n’est jamais mort. Il ne cesse de se réinventer entre nos mains. »

Menant une enquête à la fois archéologique, anthropologique et historique agrémentée d’une bonne dose d’humour, Ghita Remy nous invite à retrouver notre nature humaine d’avant les grandes ruptures. En ce temps-là, les mondes animaux, végétaux et minéraux appartenaient à un tout cosmique ne faisant qu’un avec la terre.