
VERNISSAGE
FINISSAGE
Dilemmes universels
Cette exposition présente deux ensembles d’œuvres des artistes LI Bangyao et LI Sen, qui explorent deux dilemmes universels et délicats auxquels l’humanité est confrontée à l’ère numérique : la perte et l’oubli. Bien que liés, ces deux thèmes sont de nature distincte.
L’installation Diary de Li Sen utilise la technologie 3D pour recréer un disque dur ordinaire. À travers 100 moulages répétés, le disque dur — ainsi que le texte gravé sur celui-ci — passe progressivement de la clarté à la corrosion, jusqu’à la disparition totale du texte. Par la métaphore, l’artiste reconstruit une expérience personnelle marquée par l’épreuve. Pendant des années, Li Sen a stocké d’énormes quantités de données professionnelles sur son ordinateur, toutes enregistrées sur un disque dur. Lorsque celui-ci a subitement cessé de fonctionner, toutes les informations ont été irrémédiablement perdues, le plongeant dans un vide d’amnésie. « Qui suis-je ? Qu’ai-je fait ? » Lorsque les données deviennent la mémoire du corps, leur perte implique l’incertitude, voire l’irréalité de l’identité. Les données ont commencé à dicter nos corps et nos comportements — nous copions des informations, et à leur tour, ces informations nous copient, donnant naissance à des « humains secondaires ». La mémoire et l’identité sont désormais régies par les données, et l’humanité devient peu à peu une illusion.
La série Nameless Poetry de Li Bangyao, quant à elle, constitue un frottage humain de « l’oubli ». L’œuvre se compose de deux volets :
Li Bangyao a collecté un grand nombre d’objets industriels et domestiques mis au rebut dans des stations de recyclage de métaux, situées près de son atelier à Shunde, dans le Guangdong. Grâce à des techniques traditionnelles de frottage manuel, il en a conservé les formes et les empreintes sur du papier chinois. Parallèlement, il a sollicité des poètes — principalement de la province du Guangdong — à qui il a demandé de choisir l’un de leurs propres poèmes. Il a ensuite transformé ces poèmes en une « écriture martienne » (texte volontairement brouillé) qu’il a imprimée sur le papier. Les images qui en résultent révèlent un phénomène intrigant : les fragments de déchets industriels, vestiges de la vie matérielle humaine, et la poésie martienne brouillée, débris de la pensée humaine, deviennent tous deux illisibles. Cette juxtaposition souligne l’incommunicabilité entre le matériel et le spirituel — une réalité à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés.