Ce qui relie

Jehanne Paternostre récolte les petits déchets de fils tombés par terre dans l’atelier de restauration de tapisserie. Ils sont la trace d’une histoire de détachement-attachement et renaissent sous de multiples formes liant dessin, tissage et écriture.

Donnant suite à l’exposition portant sur la perte et l’oubli de Bangyao Li et Sen Li, Jehanne Paternostre, elle aussi, nous emmène du côté des déchets, voire même de la poussière laissée par des tapisseries en cours de réparation! L’artiste récupère des infimes restes de fils tombés des tables de restauration pour leur faire retrouver la surface en tant que traces et témoins de gestes passés.

Cumulant ou combinant ses recherches sur les différentes structures de la mémoire, l’artiste pratique une esthétique de la finitude. Jehanne Paternostre considère les anciennes tapisseries de la même manière qu’elle a analysé des monuments commémoratifs. Ces tapisseries représentent, côté face, c’est-à-dire à l’endroit de la tapisserie, une multitude d’histoires, de mythes, d’événements. Mais c’est l’envers, avec ses signes et traces, que l’exposition « Ce qui relie » nous confie.

Les grands récits dont témoigne l’endroit de la tapisserie entrent en dialogue avec l’envers nous offrant ainsi une part oubliée ou peu lisible de son vécu. C’est celle-ci qui attire Jehanne Paternostre décidément située dans l’entre-deux.

Du visible, l’artiste nous attire vers l’invisible, un lieu méconnu où les fils se relient en révélant leur cheminement. En réparation, l’autre côté du travail laisse voir des trous c’est-à-dire des zones de percée de lumière prouvant que rien n’est jamais parfaitement occultable.