Bruno
VanDe Graaf
« Sans plus les voir »
Lors d’expositions précédentes des recherches sur la nécessité des espaces vides nous avaient introduits à la présence du non peint.
Avec Bruno VanDe Graaf, le cheminement du regard s’inverse. S’intéressant aux lieux abandonnés tels que les pavillons désaffectés de banlieue ou les friches industrielles, il met en scène l’absence de vie et le désenchantement qui l’accompagne. Ce vide-là, occidental, qu’il nous donne à voir est celui que déjà Beckett, Ionesco, Sartre nous faisaient ressentir.
Les peintures silencieuses de Bruno VanDe Graaf trouvent leur point de départ dans un premier repérage photographique.
Ensuite, retravaillées en atelier, elles trouvent pour intitulé « J’habite une ville fantôme », « En attente » « Hors saison », « Confinement », « Les trente glorieuses » ou « Bunker » et annoncent, déjà le propos, la déshumanisation d’une modernité vacillante.
D’habitude nous passons devant ces lieux, nous les côtoyons « sans plus les voir », nous préférons éviter nos manquements. C’est dire si le spectacle permanent de ces ruines corrode le mental des citoyens qui les subissent au jour le jour, de manière insidieuse, permanente, sans plus les voir. Ecrit Pierre Hemptinne à ce propos.
Et puis, par la magie des aplats de couleur et de la reconfiguration des formes, notre regard se focalise sur de nouveaux possibles. La vie humaine n’est pas réapparue pour autant mais ces lieux ne sont plus désaffectés, abandonnés, ils ex-istent, se manifestant « en attente ».
Simone Schuiten