Clément
Thiry

Dormir c’est la solution.

Alors en tant que plasticien, je chante des berceuses et je dors.

Face à la culture productiviste qui dévalorise le sommeil et surfe sur la banalisation du stress et de l’insomnie, l’action de dormir n’est-elle pas déjà en soi une forme d’activisme ? Dormir c’est aussi se rendre vulnérable à ce qui nous entoure. C’est d’une certaine manière, rechercher, un rapport plus sensible au monde, afin de l’envisager selon d’autres contours.

Aussi la chambre, la cabane ou le nid, sont autant d’espaces que je crée afin d’accueillir le sommeil. À la manière des oiseaux et d’autres animaux, je construis à partir de ce qui traine autour car cela me semble être l’évidence même. Le monde emballé dans sa frénésie consumériste regorge de rebuts et déchets en tout genre disponible et à portée de main. Ils me semblent parfait pour penser un espace en relation avec son environnement induisant par là même une perméabilité et un dialogue sensible au milieu dans lequel on vit. La marche fait partie intégrante de ma pratique car c’est lors de mes errances que je collecte ce qui est nécessaire à mon ouvrage. Je construit en tissant et mêlant matériaux organiques et industriels. Mes constructions fragiles se conçoivent par addition, empreinte et nouage. Ce qui ne tient pas est consolidé plutôt que refait. Les gestes répétitifs dissolvent ma perception dans un état proche d’un sommeil éveillé qui confond volontiers rêves et réalités.